Mes chers voisins,
je vous adore. Sincèrement, je vous apprécie. Vous êtes des gens civilisés, soucieux d’autrui, et j’avoue que si la vie dans mon petit immeuble lillois est plaisante, c’est aussi grâce à vous. Vous avez même une immense qualité à mes yeux : vous vous adonnez à la pratique du tri sélectif. En atteste la quantité conséquente de papier, plastique, verre, carton et métal que vous placez dans le container qui recueille les matériaux destinés au recyclage.
Las! Malgré un petit rappel tout gentillet dont je me suis fendue il y a quelques mois de cela, il semblerait que certains d’entre vous aient des difficultés à appliquer convenablement les consignes de tri de notre belle et grande communauté urbaine. En soi, rien de bien méchant, me direz-vous. Et vous avez raison. Enfin, pas tout à fait : quand un bac contient autre chose que du recyclable, il est purement et simplement refusé – c’est ce qui nous est arrivé pas plus tard que lundi – voire pire, il est considéré comme une poubelle et son contenu finit en incinérateur ou enfoui.
Quel gâchis ! Vous triez et stockez ces matériaux valorisables, vous y mettez du temps et de l’attention, tout ça pour que ça finisse en déchet !
Alors pour vous, mes chers voisins, et pour tous ceux qui me lisent et qui comme vous, comme moi aussi il y a une décennie, ne connaissent pas toutes les nuances subtiles du tri sélectif, voici un petit rappel en images (oui, vous pouvez mettre la page dans vos favoris et revenir la consulter avant de déposer vos emballages dans le container) de ce qu’il ne faut PAS mettre dans ledit bac.
Le pire du pire : une bouteille d’huile en plastique
Pas de ça dans le bac ! Dans notre belle commune, le plastique souillé par l’huile n’est pas recyclé, et l’huile restante peut rendre d’autres éléments du container inexploitables (carton, papier). Direction poubelle ! Pas facile cependant de s’en rappeler… La solution simple : acheter son huile en bouteille en verre, qui elle est recyclable ! On veillera au passage à lui remettre son bouchon pour ne pas que le fond d’huile s’échappe.
Dans beaucoup de région, les bouteilles d’huile en plastique sont maintenant intégrées à la filière de revalorisation. Mais hélas pas ici…
Pas très clean : les papiers souillés
Essuie-tout, serviettes en papier, mouchoirs jetables, emballage de sandwich, de pizza… Tout ça part à la poubelle ! Le papier n’est recyclable que s’il est propre, et pas en petits morceaux : en dessous du A5, soit un demi A4, ça vole partout, et c’est l’enfer pour les personnes qui assurent manuellement le tri en usine de recyclage ; soyez aimables, pensez à elles, et regroupez vos papiers dans un magazine, un emballage carton ou une enveloppe.
Le casse-tête des plastiques
En France, seul le polyéthylène téréphtalate (oui, vous avez bien lu : *phtalate) *ou haute densité et le polypropylène sont réutilisés. C’est bien dommage, car du coup sont exclus de la collecte les films, sacs et barquettes plastiques. Si vous ne voyez pas une de ces abréviations – PE, PET, PETE, PEHD, HDPE ou PP – ou un de ces chiffres – 1, 2, ou 5, entourés du triangle symbole du recyclage – sur l’emballage, c’est simple : il faut vous résigner à le mettre à la poubelle.
Petit aparté sur les médicaments
Cyclamed se charge de récupérer les emballages (flacons, blisters, cartons et notices). Il suffit de les déposer chez votre pharmacien. Ne jetez surtout pas des fonds de médicaments ou des cachets, ils peuvent constituer un danger pour autrui, la faune et la flore !
La nourriture
C’est pourtant simple ! Ça part à la poubelle… C’est dommage, alors qu’on pourrait composter tous les déchets végétaux. Certaines communes le font déjà, et je rêve d’une boite verte pour les biodéchets. En l’attendant, j’ai découvert tout récemment que je pouvais déposer mes compostables au jardin partagé du quartier, où ils feront fleurir les plates-bandes et pousser les légumes du potager !
Le bois
Oui, il existe encore des boites de camembert en bois ! Mais à moins de les offrir à l’école maternelle du quartier où des bambins enthousiastes les transformeront en magnifiques boites à bijoux pour la fête des mères, c’est à la poubelle qu’il faudra les donner.
Meh ?
Le bac de tri sélectif, est-il besoin de le rappeler, sert à déposer des emballages et des publications, comme des magazines, des journaux… PAS les objets usagés ! (si quelqu’un sait à quoi celui-ci servait, dites-le moi dans les commentaires, je suis curieuse). Ceux-ci peuvent démarrer une deuxième vie lors d’une brocante, une braderie – ici, il y en a tous les quatre matins – ou être collectés par la déchetterie lors d’une campagne de ramassage des encombrants. De plus en plus de personnes passent d’ailleurs quelques heures avant les services de collecte et font leur marché, car ce qui ne fait plus le bonheur des uns peut faire le bonheur des autres.
Un peu de bon sens…
Cherchez l’erreur… Refuser les prospectus et autres courriers publicitaires, c’est la solution ; les recycler, c’est louable, mais si on ne retire pas le plastique de protection (pour le mettre à la poubelle, car comme vous le savez, il n’est pas recyclable), c’est absurde !
**Voilà le bilan : **
Ce gros sac représente environ 1/4 du volume total du container de recyclage : pas étonnant que ce dernier ait été refusé par les agents de collecte… Ce chiffre correspond cependant à la moyenne française des erreurs de tri.
Petit calcul rapide : sachant que j’ai mis presque une heure à faire le tour d’un container, quelle somme peut-on économiser sur la taxe des ordures ménagères en faisant un tri efficace ? Des centaines de milliers d’euros, nous sommes d’accord.
Contrairement à ce que l’on nous dit, le tri, ce n’est ni facile, ni inné. Aussi, quand on a un doute, on se renseigne auprès d’une voisine experte en la matière, on passe un coup de fil au numéro vert 08 00 15 23 37, on demande une formation à l’organisme local de collecte – profitez-en, c’est gratuit ! – on consulte le site internet institutionnel qui traite du sujet, et plus spécifiquement sa rubrique tri, ou on regarde une petite vidéo.
Voilà tout ! Et s’il n’y avait qu’une seule chose à retenir, c’est :
Pour ne pas anéantir vos efforts de recyclage, en cas de doute, c’est poubelle.
…
…
Ahem…
Allez-y ! Posez-les, vos questions ! Vous en mourez d’envie !
– Oui, j’ai trié seule la totalité du container.
– Non, ça ne sentait pas mauvais, c’était même plutôt propre. Mes voisins ne sont pas des barbares, ils rincent leurs conserves et vident leurs bouteilles et briques avant de les mettre dans le bac !
– Non, je ne me suis pas blessée, mais normalement, le verre brisé va dans la poubelle, pour que les personnels qui font la collecte ne se coupent pas lors du ramassage.
– Oui, ça m’a un peu énervée, au départ. Puis j’ai trouvé ça intéressant à défaut d’être agréable.
– Non, je n’ai pas lu les documents personnels que mes voisins ont mis au recyclage – je n’aurait pas aimé qu’ils le fassent s’ils avaient été à ma place. Ils ont encore une longue route à faire, ces papiers, aussi je ne peux que conseiller de détruire les courriers et lettres confidentielles. Le recyclage conviendra très bien aux éléments anonymes comme les publicités.
– Oui, ça va tout de même faire tout drôle à mes voisins de voir leurs recyclables et leurs déchets en grand, très grand – il suffit de cliquer sur les photos pour les voir en haute résolution – sur internet. Pas de jaloux, les miens y sont aussi.
– Oui, j’ai appris quelque chose : on ne peut en aucun cas qualifier les matériaux qui sont recyclables de déchets. Ce sont au contraire des matières premières, qui vont réintégrer le cycle de fabrication, et ont donc encore une longue vie devant elles. Je fais donc maintenant la distinction entre la poubelle – pour les choses qui ne sont plus utiles ni valorisables – et le bac de tri sélectif, plein de matériaux prêts à resservir !
Et vous, comment vous vous en sortez côté tri sélectif ?